Au-delà de la profonde tristesse qui nous envahit devant la perte d'un être d'exception dont nous admirons aussi bien le combat pour la dignité et l'émancipation, l'humanisme flamboyant, que l’œuvre universelle qu’il lègue à la postérité, la disparition d’Aimé Césaire est également un événement essentiel pour la République. Un de ces moments rares où notre peuple peut plonger dans les profondeurs de son histoire, retrouver les valeurs qui fondent sa singularité, découvrir les richesses de sa diversité, imaginer son avenir. La question n’est donc pas de savoir si Aimé Césaire doit entrer au Panthéon. De son vivant, il avait d’ailleurs refusé tous les honneurs qui lui avaient été proposés.
Non, la question est de savoir si, au-delà des hommages et des cérémonies, nous comprenons le cri de colère et d’espoir de celui qui se revendiquait “Français entièrement à part“.
La question est de savoir si nous entendons enfin l’appel de tous ceux qui, de l’Émir Abdel Kader à Frantz Fanon, Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, ont combattu le colonialisme français au nom de l’idéal de la France des Lumières, de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, de la France Libre et de la Résistance.
Si, après avoir enflammé le monde avec la Révolution de la Liberté et sa Marseillaise, nous accomplissons une nouvelle révolution, celle de l’Égalité et de la Fraternité.
Aimé Césaire, alors, entrera dans la conscience collective du peuple français et inspirera les prochaines pages de son histoire. Le seul honneur qu’il aurait accepté.
DOMINIQUE GALLET
photo rencontre Abdou Diouf / Aimé Césaire - (c) droits réservés 2005
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