Alors qu'à ses marges s'agitent l'antisémitisme et l'islamophobie, s'intensifie la tentation du repli communautaire comme du fondamentalisme, et qu'en son cœur s'aggravent les effets d'une crise économique sans précédent, la société française a plus que jamais besoin de repères pour traverser les épreuves et consolider le pacte républicain. C'est là que réside la vertu principale du projet du ministre de l'éducation nationale: enseigner à l'école une morale laïque irriguée par les valeurs qui fondent la République depuis son origine. Ce projet n'est ni de gauche ni de droite. C'est un projet républicain qu'il est essentiel et urgent de mettre en place dans l'unité nationale. La mauvaise foi partisane et l'amalgame nauséabond n'ont vraiment pas leur place dans un domaine aussi sensible. Les Français ne s'y sont d'ailleurs pas trompés en soutenant ce projet à 91%, transcendant ainsi tous les clivages.
Ce qui se transmet à l'école est essentiel pour l'avenir du pays. L'École de la République doit non seulement transmettre du savoir mais également du sens. L'une de ses missions, aujourd'hui négligée, est de former des citoyens, disposant des outils leur permettant d'exercer leur liberté. Ceux qui hier ont voulu réduire l'enseignement de l'histoire et de la philosophie à une peau de chagrin, comme ceux qui aujourd'hui caricaturent ou contestent le projet d'enseignement de la morale laïque, nuisent à la République, aux valeurs qui constituent le cœur battant de la nation française.
Le projet d'enseignement de la morale laïque à l'école est marqué du sceau des Lumières. Il est un retour aux sources de l'humanisme républicain dont non seulement la France mais le monde ont tragiquement besoin en ce début du XXIème siècle. En 1792, le philosophe, encyclopédiste et ardent révolutionnaire Condorcet défendait devant l'Assemblée nationale de la République naissante le principe de l'école publique gratuite outil essentiel pour "rendre réelle l'égalité politique reconnue par la loi", la nécessité pour l'école de permettre aux futurs citoyens “de connaître et d'exercer leurs droits, d'entendre et de remplir leurs devoirs" et les bases de l'enseignement d'une morale laïque: "La puissance publique n'a pas le droit de lier l'enseignement de la morale à celui de la religion" et précisant "la puissance publique ne peut même, sur aucun objet, avoir le droit de faire enseigner des opinions comme des vérités, elle ne doit imposer aucune croyance [...] Son devoir est d'armer contre l'erreur, qui est toujours un mal public, toute la force de la vérité, mais elle n'a pas le droit de décider où réside la vérité, où se trouve l'erreur"(*).
Armer les nouvelles générations pour leur donner la chance d'être gouvernées par leur raison et non par ceux qui, au nom de la religion, de l'idéologie ou même de la littérature, leur désignent des cibles au lieu d'une espérance: en 2012, voilà un combat crucial pour l'avenir de notre République.
Dominique Gallet
(*) cf. la note Condorcet et l'instruction publique
Les évènements récents de l'actualité montre combien ce qui manque le plus dans notre société c'est les repères. Une réalité qui favorise des comportements pitoyables chez des champions sportifs et des meurtres barbares par des jeunes désoeuvrés. Au-delà de la sécurité, il y a un problème de transmission des valeurs.
Rédigé par : Nadja | 02 octobre 2012 à 14:32
Ça sera bien utile face au dangereux climat de haine et xénophobie !
Rédigé par : G. Louvier | 24 septembre 2012 à 18:55
Dominique, Citoyen, bonjour et merci de ton comm sur le blog sur Cercle Jean Moulin, pour info, de nombreux point commun dont Manhès et Marcel Paul puisque ma maman Anita Baudouin est la secrétaire nationale de la FNDIRP, je vais bien sur mettre ton site en lien Salut et Fraternité
Rédigé par : Grégory Baudouin | 23 septembre 2012 à 14:00